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31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 11:38

75441626.jpgOn est dans le caca les enfants! Désolé, je ne vois pas quoi vous dire d'autre après la lecture de ce formidable pavé sur le réchauffement climatique. Encore un me direz-vous? Oui mais quel pavé! En fait je vous dirais que si vous ne deviez lire qu'un seul ouvrage sur ce sujet, c'est celui-là. Ce roman graphique fait la somme des connaissances que l'on a, à l'heure actuelle, dresse le bilan (catastrophique), et nous présente un futur assez terrible. Mais là où d'autre se mettraient à crier "RAAAAH BOUGEZ VOUS ON VA TOUS CREVER!!!!" Squarzoni se contente de mettre à jour les incertitudes quant à notre avenir terrestre, comment la terre va t-elle evolué? Quelles sont les conséquences de ce réchauffement généralisé sur 10 ans, 50 ans , 1 siècle, 2? Et met à jour des débats passionnants: comment concilier vie moderne et respect de l'environnement? L'amélioration du niveau de vie peut-il être compatible avec l'écologie? L'auteur nous met face à nos propres contradictions, en n'épargnant pas les siennes au passage, oui tout le monde s'accorde à dire que l'on doit faire quelque chose pour la planète et vite, mais personne ne veut pour autant renoncer au confort de notre vie moderne, en même temps en quoi la régression serait-elle un progrès? Tant de quesions auxquelles l'auteur répond avec pragmatisme et pédagogie. Des efforts personnels doivent être mis en place bien sûr, mais c'est une goutte d'eau tant que les politiques ne réagissent pas de manière commune. Squarzoni interroge de nombreux scientifiques, de nombreux acteurs dans la recherche sur le réchauffement mais aussi des sociologues, des économistes, des spécialistes du nucléaire ou des énergies renouvelables: tout est passé au crible pour donner une vision complète et sans concession. Sans pour autant verser dans l'alarmisme, cette BD est une excellente enquête, fouillée, intelligente, mature, le genre d'oeuvre à conseiller à tout le monde car la pédagogie de l'auteur rend l'ouvrage accessible à tous sans pour autant tomber dans le simplisme. Une oeuvre obligatoire, majeure et indispensable! Oui, vraiment les copains! Ne fut-ce que pour se rendre compte de la poudrière que nous allons laisser aux générations futures, et quand on sait nos politiques ne sont pas foutus de faire front commun face à la catastrophe imminente, ça fait froid dans le dos! Les solutions existent, l'auteur nous le prouve mais comme il le résume si bien: "le fait qu'il existe une porte de sortie ne veut pas forcément dire que l'on va la prendre".

 

Planche_bd_17610_SAISON-2520BRUNE.jpg

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17 août 2012 5 17 /08 /août /2012 12:21

jaworski_gagner_la_guerre.jpgVacanciers qui me lisez (d'ailleurs que faites vous à scruter internet alors qu'il fait un temps magnifique dehors? Z'avez pas honte?), sachez que je vous envie, pas seulement parce que j'ai repris le travail (même si je vous déteste secrètement pour ça) mais surtout parce que je vous ai trouvé LE livre à lire en vacances. Alors je sais, souvent la définition d'un livre de vacances c'est "Livre-pas-prise-de-tête-facile-à-lire-dépaysant-et-qui-ne-prenne-pas-de-place-dans-les-bagages", alors forcément, moi avec mon pavé de 1000 pages qui traite des arcanes du pouvoir et de la façon dont on peut arriver à ses fins par des moyens sacrément immoraux, je ne réponds pas vraiment à la définition. Et pourtant, croyez-moi, ça vaut le coup de se trimbaler ce gros machin dans son sac (ne fût ce que pour le balancer dans la tronche d'un importun des vacances en voulant à votre porte-monnaie/vertue/téléphone/vie). En fait si je le présente comme un livre de vacances, c'est surtout qu'une fois le nez dedans, vous allez y passer vos journées, du coup si vous le faites en bossant, je risque de porter un coup à la productivité et on a vraiment pas besoin de ça en ce moment... Gagner la guerre, c'est comme si Dumas et G.R.R Martin avaient fusionnés pour écrire ce roman, un petit bijou épique et passionnant. Une superbe aventure de cape et d'épée, avec moults rebondissements et coups fourrés qui se dévore entre deux rires jubilatoires. Attention, si je dis que ça ressemble à Dumas c'est surtout pour le côté feuilleton du roman, pour les personnages, faudra plutôt chercher du côté des personnages cyniques et désabusés des héros du Trône de fer , car dans la catégorie crapules, on a rarement fait mieux. Prenez le narrateur, Benevenuto Bucephale, tueur à la solde du Podestat, sorte de président de la grande et terrible Ciudalia ("La garce en jupon de pierre" comme l'appelle Benevenuto), vous ne verrez pas une once de sentiments nobles dans sa carcasse cabossé, parfois un vague remord peut-être et encore, quand il est envoyé pour se débarrasser des éventuels rivaux de son maître. Quant au Podestat! Chafouin comme pas deux, prévoyant toujours deux coups d'avance sur ses adversaires, (aussi pourris et retors que lui soit dit en passant). A coups d'estoc, de coups fourrés et de magouilles (avec toujours Benevenuto en première ligne), vous allez assister à la lente prise de pouvoir de ce mystérieux personnage. Le tout est raconté avec une gouaille savoureuse par le narrateur, à la fois acteur et témoin involontaire de cette ascension. A travers son récit, nous découvrons aussi le monde qui l'entoure, l'histoire de cette étrange contrée à la fois si proche et si différente de la nôtre.  Comme dans tout bon roman de fantasy, il y a de la magie aussi. Mais ne vous attendez pas à trouver des vieillards habillés en blanc se battant contre des dragons à coups de "VOUS NE PASSEREZ PAS", ou de petits sorciers malingres qui lancent des sorts à coups de baguette magique en couinant des mots rigolos. Non c'est bien plus subtil que ça: la magie de ce monde là est bien plus insidueuse et tordue, un peu comme les protagnonistes de cette histoire en fait, elle utilise la porte de service et bien malin celui qui pourra la déceler. D'ailleurs notre héros en fera les frais plus d'une fois. Il y a des elfes et des nains aussi, mais là aussi c'est pareil, ils sont fondus dans le décors. Tout cela donne un roman passionnant, épique, parfois drôle, surtout quand le narrateur apostrophe son lectorat, passionnant, cynique et affreux mais terriblement attachant, comme son héros. Un grand roman dans la veine des romans d'aventure du XIXeme siècle, le côté fantastique en plus et l'héroïsme en moins.

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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 17:44

krrpk-couv-web.jpgAmis du bon goût, de l'humour fin, des mots d'esprits, des spiritualités d'Oscar Wilde et l'humour délicat de Woody Allen, passez votre chemin, cet ouvrage n'est pas pour vous! Par contre les fans de l'affreux Ultimex et autres amateurs d'humour bien trashos,  vous savez, celui qui crisse un peu sous les dents (mais c'est ça qu'est bon), ça risque de vous interressez. Voici les aventures de Krrpk, (me demandez pas comment ça se prononce, je sais pas et je sens que ça va provoquer quelques fous rires et quelques postillons aux caisses des librairies), extraterrestre de son état et envoyé sur la planète Grokos, grosse planète où toutes les espèces de la galaxie semblent être réunie pour créer le plus gros lupanar de l'univers, pour la conquérir. Bon, il se fait piquer son argent dès le premier jour par un quidam peu scrupuleux alors ça va pas être facile,mais c'est pas grave il peut toujours payer en nature sa logeuse "Un machin vieux tout moche et qui sent pas bon", mais qui réalise des pornos amateurs avec plein d'accessoires pour tout orifices existants. Dommage que krrpk ne se reproduise que par parthonogénèse, du coup pour lui, le sexe hein... Pour trouver de l'argent, il peut aussi se faire mendiant, ça consiste à se faire cracher dessus par des Grokos, voire recevoir du vomis pour les plus délicats, mais c'est pas grave car comme lui explique son compagnon d'infortune, il suffit d'ouvrir grand la bouche comme ça tu lui recraches à la gueule direct et puis c'est bien aussi si t'as un peu faim. Sorte de mélange dégénéré de Douglas Adams et de Vuillemin, cette petite bd est un régal d'humour cradoc et méchant. Ne vous fiez surtout pas au dessin rond et choupi de l'auteur, c'est pour mieux vous embrouillez. Donc si vous aimez l'humour crado et le politiquement très incorrect, ce livre est fait pour vous. Sachez que l'auteur à dejà publié quelques planches sur son site, ça vous donnera une petite idée du machin.

 

60-mini-krrpk-web 

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12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 12:04

La-Geste-Aglae-Anne-Simon.jpgBon ça y'est j'ai déversé mon fiel je peux passer aux auteures qui font de la VRAI bd. Donc, je vais vous parler de "La geste d'Aglaé", petit bijou trouvé au fin fond d'une étagère de librairie, bouquin qui ne paye vraiment pas de mine avec dessin noir et blanc rappelant vaguement David B., histoire d'apprence simple, je n'étais pas très chaud pour en commencer la lecture. Mais je me suis dis "Faut soutenir c'est de l'indé et bla, bla (insérez ici une phrase assassine à propos des grands groupes d'éditions coupables de tous les accouplements contre nature du moment que ça fait vendre)", bref je l'ai pris mais sans beaucoup de conviction et je l'ai lu... Et bien mes amis quel choc! Car la geste d'Aglaé est un conte cruel et magnifique, un portrait de femme toujours à la limite entre la passion et la folie. Aglaé est une nymphe des eaux. Lassée de son destin consistant surtout à se coiffer, se mirer dans l'eau et surtout rester pure pour le mariage,Aglaé ne va rien trouver de mieux à faire que de tomber enceinte, engrossé par un siren (oui enfin le masculin de sirène vous m'avez compris) et s'empresser de quitter sa rivière pour élever seule l'enfant à venir. Ne croyez pas que la situation la désole, au contraire Aglaé est très heureuse comme cela, après tout a-t-on vraiment besoin des hommes? pense t-elle. La voilà partie, son gros ventre sous le bras. Elle arrive alors dans un pays qui est sous le joug d'un terrible tyran misogyne:toute femme enceinte non mariée est condamnée à mort! Aglaé se réfugie dans un cirque où le patron, un chat fumeur et débonnaire se propose de l'épouser et de reconnaître ses enfants pour lui éviter le pire. Aglaé accepte mais n'a pas dit son dernier mot, très vite elle trouvera le moyen de se débarasser du tyran et de devenir reine. Sans dévoiler toute l'histoire, sachez que cette petite histoire contient de nombreux rebondissements et le dénouementtrès sombre est très inattendu. Derrière cette fable ou plutôt cette "Geste", Anne Simon dresse un portrait d'une femme libre mais qui payera le prix fort de son désir d'indépendance. Les hommes ne sont que de simples jouets sexuels mis à sa disposition et le pouvoir comporte aussi sa part d'abîme, Aglaé  en fera la triste expérience. L'auteure pose la question des limites de la volonté d'indépendance:à force d'être libre, ne finissons nous pas par être seul? Est-ce le prix de la liberté? Aglaé traite les hommes comme certains mâles traitent les femmes, est-ce moins grave pour une femme? Les réponses se trouvent peut-être dans le personnage de la secrétaire de la Reine Aglaé, qui assiste de façon froide et posée à la longue déchéance de cette femme qu'elle admirait pour sa force. Le vrai féminisme est sans doute là, nous dit l'auteure, non dans le combat égoïste pour vivre ses passions aux détriments des envies des autres mais plutôt dans la réforme des pensées et les actes réfléchis. Bref, cet ouvrage nous interpelle sur beaucoup de points, apporte une réflexion philosophique sur la place de la femme dans la société. Loin d'être une féministe castratrice, l'auteure se moque ainsi de l'extrêmisme de certain mouvement des femmes qui en oublie parfois que la liberté de la femme ne signifie pas l'aliénation de l'homme. Bref une fable très noire mais profondément intelligente. 

la_geste_daglae_image2.jpg

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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 11:20

spirale-integrale-tonkam.jpgAllez ça suffit les mièvreries! Pour ceux qui auront lus mon dernier papier, on aurait pu croire que ça y'est, je me mettais au gentil et mignon, que désormais j'étais converti à la gentilllesse et que je n'allais vous parler que d'oeuvre positives et fraîches, tel que "Le tour du monde de Mouk" ou "Devine combien je t'aime"  MOUHAHAHAHA!!! Permettez moi de me gausser! Et pour vous prouvez le contraire, je vais aujourd''hui vous parler de l'exacte opposé. Je vais vous parler du bien tordu Junto Ito, japonais lui aussi (comme quoi il faut de tout pour faire un monde...) et de son univers d'horreur glauque et fascinant, et surtout de son chefs-d'oeuvre (à mon sens) j'ai nommé le très affreux "Spirale". Junto Ito, c'est le mangaka qui est connu dans le pays du soleil Levant pour sa série totalement déjanté de Tomié, l'histoire d'une jeune femme affreusement belle et atrocement machiavélique provoquant le chaos autour d'elle. Quoiqu'un peu répétitive, cette série s'était imposée comme un des manga d'horreur les plus réussis, mais franchement ce n'est rien à côté de ce petit bijou d'absurdité horrifique. Car c'est bien un manga d'épouvante que vous tenez entre vos doigts tremblants mais de l'épouvante pure, grand-guignol, tordue. Difficile d'expliquer ce qui fascine tant dans ces corps tordus, torturés et fasconnés en la spirale du titre. L'histoire se passe dans la tranquille petite ville de Kurouzu, petit port de pêche  endormi dans la torpeur de l'été. C'est ici que l'héroïne, Kirié, jeune lycéenne, va assister impuissante à une étrange malédiction, celle de la spirale. Oui, je sais, dis comme ça ça paraît un peu ridicule et pourtant... Peu à peu des phénomènes étranges se produisent, ça commence par le père de son meilleur ami Shuichi, qui devient peu à peu obsédé par ces formes, il les collectionne, ne fait qu'en parler, en oublie de boire et de manger et qu'on finira par retrouver, mort, enroulé sur lui-même en une spirale grostesque. Peu à peu les habitants de la ville vont tour à tour être frappé de la malédiction qui prendra différentes formes aussi ridicules qu'affreuses. Cheveux qui s'enroulent sur eux-mêmes et aspirant la force des ses porteurs, étudiants changés en escargots visqueux et femmes enceintes qui mettents au monde des petits champignons aux formes hélicoïdales,  sont, entre autres, ce que vous trouverez dans ce manga poisseux et horrible. Mais ce qui est le plus terrifiant, c'est qu'une fois plongé dedans, vous êtes tellement aspiré par l'histoire, comme dans une spirale infernale justement, que vous ne pouvez plus lâcher l'ouvrage et que vous assistez fasciné, horrifié et impuissant, comme Kirié, à la destruction de cette petite ville.Ce manga à la fois atroce, violent et grotesque est l'une des expériences BD les plus dérangeantes auquelles j'ai pû assister. Avant édité en trois tomes, Tonkam, pourtant pas connu pour faire du bon travail d'éditeur, l'a réédité en une superbe intégrale que je vous conseille vivement de vous procurer pour peu que vous soyez amateur d'horreur grand-guignol.20

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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 11:01

yotsuba_01.jpgBon, récapitulons: c'est la crise, les traders mèneront à notre perte, nos pays n'ont plus de sous, nous sommes menacés par la fin du monde prenant des formes diverses comme celles de prophéties mayas, météorites et autres accélérateurs à particules, nos centrales nucléaires risquent de nous pêter à la gueule d'un instant à l'autre si nous ne crevons pas d'un cancer quelconque d'ici quelques temps... Voilà voilà, excusez-moi, je suis obligé de compenser la tendance de cet article pour coller avec les autres oeuvres que je présente d'habitude, c'est à dire amer et terrifiant à rendre neurasthénique un petit poney. Parce que ce dont je vais vous parler aujourd'hui est tellement dépourvu de méchanceté, tellement mignon, tellement gentil, tellement agréable qu'il faut je compense un peu sinon je vais me mettre à aller caresser des chatons en roucoulant des "Roooh c'est trop meugnon!" et aller embrasser le premier gamin venu et c'est plein de germes ces machins là, donc je me blinde. Donc, disais-je, je vais vous parler de Yotsuba, le manga le plus adoss_yotsuba_34.jpgdorable qui existe sur cette planète et qui réussi en plus l'exploit de ne jamais tomber dans la mièvrerie. Ici, point de petites culottes, de baston éffrénée ou de perversions diverses qui font la joie des détracteur du genre. Yotsuba, c'est une petite fille de 5 ans, qui s'installe avec son papa dans un pavillon d'une banlieue tranquille d'une ville du Japon. La caractéristique de ce petit bout de femme? Elle s'entousiaste de tout ce qui l'entoure (d'où le sous-titre "Yotsuba enjoy everything"), et le manga est donc une succession de découvertes du monde par cette petite demoiselle. Découvertes qui se révèleront adorables, rafraîchissantes et pleines d'humour à la fois poétique et absurde au contact de ce petit machin aux couettes vertes, à la naïveté désarmante et à l'énergie communicative.  Le monde de Yotsuba est ancré dans un quotidien le plus normal possible mais à son contact tout devient poétique et absurde. Ses réactions de petite fille, à la fois touchante et drôle sont autant de petites touches d'optimisme et de fraîcheur tellement salvateurs dans ce monde parfois dur que cette série devrait être remboursé par la sécu. Le dessin de l'auteur n'a pas son pareil pour nous transmettre les émotions de Yotsuba, rendue expressive à souhait par son trait minimaliste et efficace, on ne peut s'empêcher de sourire devant ses airs de compléxité face à des choses inconnues, son entousiasme pour ce qui l'amuse et ses colères face à ce qu'elle ne comprend pas. Sur les 11 tomes déjà parus, aucune perte de rythme, aucun ennui ne pointe, on suit Yotsuba qui découvre tour à tour les joies du restaurant, du marqueur indélébile, d'un robot en carton ou de la chasse aux chataîgnes sans une seule moue d'ennuie, sans une seule reflexion cynique à la bouche. C'est juste cool, c'est frais comme une bonne limonade dans une journée étouffante de juillet, c'est doux comme un chocolat chaud en hiver par moins 10, ça vaut tout les gifsde chatons du monde tout en étant bien plus intelligent. Bref c'est tout beau tout mignon, une véritable bulle d'oxygène et c'est dit pour une fois sans aucune ironie.Yotsuba3 pg 500

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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 12:05

TMLP-Gilles-Rochier.jpgJ'aurais adoré vous dire que je vais vous parler aujourd'hui d'une BD drôle et fraîche qui vous amènerait le sourire mais en fait non, désolé. Encore une fois ce sera une histoire noire et amère dont je vais vous parler aujourd'hui: TMLP, donc est une BD bien âcre comme je les aime, vous voilà prévenu. Qui nous parle d'un fait divers tellement banal qu'il en est poignant. Ce roman graphique nous montre comment les frustrations accumulées peuvent mener à l'impensable, à la bêtise, à l'horreur. C'en est tellement bête que s'en est glaçant, mais comme dirait l'autre "C'est trop ça en vrai!". Soit une cité dortoir dans les années 70-80, de ces cités qu'on oublie volontiers et dont on ne se rappelle que lorsqu'un fait divers sordide vient nous rappeler à son bon souvenir. Soit une bande de copains, ni méchants ni gentils, pas des délinquants, pas des saints, juste des mômes normaux, enfermés dans la misère d'une vie bétonnée, les parents au chômedu, les matchs de foot dans les cours désertées, les petites conneries pour tromper l'ennui qui suinte, et puis ce sigle, taggué sur les murs: TMLP. Tout le monde sait ce que ça veut dire mais personne n'en parle, la honte. TMLP, ça veut dire "Ta mère la pute", et on sait que lors des fin de mois difficile, certaines mères vont à la descente de l'arrêt de bus pour les arrondir, ces fins de mois et que pour ça qu'importe les moyens. On sait, mais on se tait, on évite de passer près de l'arrêt de bus à la fin du mois, parce qu'on a peur de ce qu'on peut y trouver, la mère d'un pote, le père d'un pote ou pire sa propre mère... On ne sait pas d'où vient l'argent mais on préfère ne pas poser la question. Et la vie s'écoule, lentement, sans heurts, entre conneries d'ados, crapotage de clope et galères diverses. Mais la honte est là et elle ronge, il suffirait d'un rien pour que ça éclate à la face de tout le monde, un rien, comme une vieille cassette prétée, reprêtée et perdue par exemple... Gilles Rochier n'a pas son pareil pour nous faire ressentir cet ennui, ce calme avant la tempête, les amitiés fortes qui se créent et se défont, ces jeunes terriblement normaux et la frustration qui suinte des murs, les nons-dits qui bouffent tout. Le dessin, très minimaliste, nous prend tout de même aux tripes par sa capacité à capter les détails insignifiants au premier abords mais terriblement importants finalement. Un drame de la misère tout simplement, qui nous montre des gamins normaux, ni des sauvageons, ni des casseurs, pris dans quelque chose qui les dépasse. Je ne sais pas ce qui est le pire, l'extrême banalité de ce drame des banlieues ou le fait que 20 ans plus tard, rien n'a changé, toujours les mêmes angoisses, les mêmes frustrations toujours ce même oubli de la société. Terriblement efficace et terriblement réaliste. Pas étonnant que Baru, connu entre autres pour sa chronique de la banlieue ouvrière dans "Les années spoutnick" et président d'Angoulême 2012 lui ai donné le prix révélation.

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29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 12:18

_photo.jpgTout d'abord, amusons-nous avec un petit jeu rigolo: prenez au hasard dix personnes dans la rue et demandez leurs ce qu'ils pensent d'Olympe de Gouges, vous pouvez être certain que 4 sur 10 vous regarderons avec des yeux ronds (faut dire que se faire interpeller par un inconnu qui vous pose une question de genre a de quoi interloquer), deux vous dirons qu'ils ne regardent pas la Télé réalité, 3 vous diront qu'ils n'ont pas que ça à foutre, et peut-être tomberez vous sur quelqu'un qui vous dira "Attends j'en ai déjà entendu parler c'est pas la meuf à Hallyday?". Après ce jeu rigolo, faites la même chose avec la question suivante "Citez moi une personnalité de la révolution Française", et peut-être aurez vous (pour les plus éclairés), un vague Robespierre ou Rousseau mais je vous défie de trouver quelqu'un qui vous citera cette jeune demoiselle, figure historique oubliée par les historiens de tout bord tant une femme dans l'histoire de France est bien souvent reléguée au rang de pondeuse royale. Bref, heureusement que Catel et Bocquet sont là pour rétablir un semblant de crédibilité à cette femme remarquable à qui l'on doit la première constitution de la femme citoyenne. Après la révolution, cette figure de la révolution fut totalement mise de côté au profit de personnalité tel que Marat ou Robespierre et ne fut réhabilité que depuis peu (2006! c'est dire). Peu de biographie existe sur Olympe de Gouges, pourtant il y a matière comme le prouve ce pavé parut chez Casterman : femme veuve de bonne heure (22 ans), fille naturelle d'un proche de Louis XV, elle refusa toute sa vie de se remarier malgré la protection qu'elle aurait pu en tirer, préférant la liberté au carcan du mariage. Femme libre avant toute les autres, elle écrivit la première constitution pour le droit des femme qu'elle estimait mise au ban de la Révolution française et de nombreux ouvrages et pièces de théâtre pour l'abolition de l'esclavage. Mais son tempérament frondeur et ses attaques contre les massacres perpétués au nom de la révolution, lui coûteront sa tête. Dans ce roman graphique foisonnant de personnalités et de détails, vous plongerez à corps perdu dans la France du XVIIIème siècle, les débuts de la Révolution et les premières années de la Terreur. Un morceau d'Hiolympe_de_gouges_extraits_596221529_north_607x.jpgstoire servi par un dessin au noir et blanc sublime. Catel et Bocquet à qui l'on doit aussi la biographie dessinée de Kiki de Montparnasse, prouvent une fois de plus leurs talent de biographes hors pairs et accessibles à tous. Comme dans leurs précèdent album, un glossaire reprenant tout les personnages de l'histoire se trouve à la fin de l'ouvrage et est des plus bienvenu pour remettre les choses en contextes. Surtout si comme moi, vous n'avez qu'une vague idée des personnalités qui ont jalonnés ce tournant de l'Histoire française. En refermant cet ouvrage une seule pensée vient à l'esprit: Chapeau à la grande Olympe!

 

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15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 11:11

Metamorphose-iranienne-couv-600.jpgOui bon, ça fait super longtemps que je n'ai pas publié, mais j'avais une super excuse: mon chien était malade et a mangé mon clavier, j'étais malade et j'ai mangé mon clavier, y'a eu un incendie chez moi, une inondation, j'avais la flemme, autre chose à faire (choisissez l'excuse qui vous paraît la plus crédible et/ou la plus rigolote, ces excuses n'étant pas protégées par un copyright vous pouvez les réutiliser à votre guise, c'est cadeau ça me fait plaisir).

Bref, j'ai au moins la circonstance atténuante de revenir avec de la (très) bonne came. J'ai nommé "Une métamorphose Iranienne" de Mana Neyestani, petit bijou grinçant et glaçant d'une absurdité telle que si ce n'était pas un témoignage on en croirait pas une ligne et pourtant... Bienvenue dans l'univers Kafkaïen du régime iranien et de son combat contre la liberté d'expression qui prend des proportions absurdes comme dans le cas qui nous préoccupe ici. L'auteur est un jeune dessinateur d'un journal pour enfants. A la suite d'une lecture de La métamorphosede Kafka, l'auteur imagine une histoire rigolote où l'un de ses personnages est aux prises avec un immense cafard qui a élu domicile dans son appartement. Jusque là, rien d'anormal, mais l'auteur a le malheur d'utiliser un terme azéri  (communauté d'origine turque) pour faire parler le cafard. Des groupuscules terroristes sortent alors l'image du contexte pour soulever la communauté Azéri, sous-entendant que l'auteur (et le journal qui le publie) les assimilent à des cafards. Ni une ni deux, cette image met vite le feu aux poudres de cette communauté souvent pointé du doigt et le dessinateur est accusé d'avoir provoqué ce soulèvement. Le voici enfermé en prison du jour au lendemain sans rien comprendre à ce qui lui est arrivé. S'ensuit alors une longue et infernale descente aux enfers où le narrateur, enfermé entre quatre murs, attend que l'on vienne le libérer. Point de torture physique ni de mauvais traitements néanmoins dans cette prison, mais une torture mentale bien plus insidieuse et pernicieuse se met en place: celle des interrogatoires. Tout les jours Mana est interrogé sur les motivations qui l'ont poussé à déclencher ces émeutes, tout les jours Mana ne comprend rien à ces accusations et tout les jours on le remet en prison en lui disant "Eh bien tant que vous ne savez pas, vous resterez ici", au passage on lui demande des infos sur d'autres dessinateurs qui pourraient avoir des comportements suspects en lui faisant comprendre à quel point il est chanceux, qu'il pourrait être transféré dans une autre prison où là on pratique la torture s'il n'est pas coopératif. Le cauchemar dure pendant des mois et ce n'est malheuresement que le début. Sans vous révéler tous les rebondissements de l'intrigue qui se lit comme un polar, sachez en tout cas que l'auteur est actuellement réfugié en France où il tente d'obtenir un statut de réfugié politique.

Cette BD est une véritable réussite, tant au niveau graphique que narratif, l'auteur n'a pas son pareil pour nous faire ressentir son incompréhension et les rouages ubuesques des prisons iraniennes. Sans complaisance mais sans voyeurisme non plus, il nous entraîne dans son récit dont on ressort secoué et fasciné. Magnifique!Metamorphose_vf--70BD.jpg

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24 août 2011 3 24 /08 /août /2011 16:22

jolie.jpgNombreuses sont les oeuvres mettant en scène des lilliputiens qui évoluent dans un monde magique et merveilleux où ces petites créatures minuscules forment une société parallèle aux hommes. L'exemple le plus récent étant sans doute Arriety, dessin animé sympathique des studios Ghibli. Souvent, ce monde est touchant, mignon et rigolo, peuplé de petite créatures troooop kawaï, qui font des papouilles aux petits zoziaux et dont les souris sont leurs amis, tout ça tout ça... On pourrait croire que Jolies ténèbres est une de ces oeuvres joyeuses et sans danger, les dessins sont ronds et tout mignons, les petites créatures souriantes et insouciantes gambadent dans une forêt enchantée.  Soudain, l'une d'elle est embarqué dans une fourmilière et dévorée, et là vous vous rendez compte que vous n'êtes pas chez Walt Disney, mais que vous êtes chez Velmann et Kerascoët et que le gentil monde tout mignon tout plein est en réalité  un nit de noirceur et de cruauté. Peu à peu vous vous apercevez que la chose dans lequel ce merveilleux monde mignon tout plein a élu domicile n'est autre que le cadavre encore frais d'une petite fille. Brusquement vous vous rappelez que le trait mignon et frais de Kerascoët vous l'avez déjà dans l'univers glauque à souhait de Miss Pas touche, mais c'est trop tard, vous voilà pris de fascination pour l'oeuvre affreuse et envoûtante de Jolies Ténèbres, ou la vie d'une royauté liliputienne perdue dans une grande forêt est mené par le bout du nez par une reine capricieuse, mégalomane et sadique qui persécute pour le plus grand plaisir de sa petite cours d'admirateurs des créatures qu'elle trouve trop laide, où des petits bonhommes au grand yeux se font dévorer vivants par des fourmis et des oiseaux, où la souffrance et l'amertume peuvent mener à la vengeance la plus cruelle qui soit. Conte noir et gothique, cauchemardesque, à la poésie  vénéneuse et envoûtant comme un poison fascinant, cette bande dessinée mérite bien son titre, les ténèbres n'ont jamais été ausi jolies... jolies_tenebres.jpg

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