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15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 11:11

Metamorphose-iranienne-couv-600.jpgOui bon, ça fait super longtemps que je n'ai pas publié, mais j'avais une super excuse: mon chien était malade et a mangé mon clavier, j'étais malade et j'ai mangé mon clavier, y'a eu un incendie chez moi, une inondation, j'avais la flemme, autre chose à faire (choisissez l'excuse qui vous paraît la plus crédible et/ou la plus rigolote, ces excuses n'étant pas protégées par un copyright vous pouvez les réutiliser à votre guise, c'est cadeau ça me fait plaisir).

Bref, j'ai au moins la circonstance atténuante de revenir avec de la (très) bonne came. J'ai nommé "Une métamorphose Iranienne" de Mana Neyestani, petit bijou grinçant et glaçant d'une absurdité telle que si ce n'était pas un témoignage on en croirait pas une ligne et pourtant... Bienvenue dans l'univers Kafkaïen du régime iranien et de son combat contre la liberté d'expression qui prend des proportions absurdes comme dans le cas qui nous préoccupe ici. L'auteur est un jeune dessinateur d'un journal pour enfants. A la suite d'une lecture de La métamorphosede Kafka, l'auteur imagine une histoire rigolote où l'un de ses personnages est aux prises avec un immense cafard qui a élu domicile dans son appartement. Jusque là, rien d'anormal, mais l'auteur a le malheur d'utiliser un terme azéri  (communauté d'origine turque) pour faire parler le cafard. Des groupuscules terroristes sortent alors l'image du contexte pour soulever la communauté Azéri, sous-entendant que l'auteur (et le journal qui le publie) les assimilent à des cafards. Ni une ni deux, cette image met vite le feu aux poudres de cette communauté souvent pointé du doigt et le dessinateur est accusé d'avoir provoqué ce soulèvement. Le voici enfermé en prison du jour au lendemain sans rien comprendre à ce qui lui est arrivé. S'ensuit alors une longue et infernale descente aux enfers où le narrateur, enfermé entre quatre murs, attend que l'on vienne le libérer. Point de torture physique ni de mauvais traitements néanmoins dans cette prison, mais une torture mentale bien plus insidieuse et pernicieuse se met en place: celle des interrogatoires. Tout les jours Mana est interrogé sur les motivations qui l'ont poussé à déclencher ces émeutes, tout les jours Mana ne comprend rien à ces accusations et tout les jours on le remet en prison en lui disant "Eh bien tant que vous ne savez pas, vous resterez ici", au passage on lui demande des infos sur d'autres dessinateurs qui pourraient avoir des comportements suspects en lui faisant comprendre à quel point il est chanceux, qu'il pourrait être transféré dans une autre prison où là on pratique la torture s'il n'est pas coopératif. Le cauchemar dure pendant des mois et ce n'est malheuresement que le début. Sans vous révéler tous les rebondissements de l'intrigue qui se lit comme un polar, sachez en tout cas que l'auteur est actuellement réfugié en France où il tente d'obtenir un statut de réfugié politique.

Cette BD est une véritable réussite, tant au niveau graphique que narratif, l'auteur n'a pas son pareil pour nous faire ressentir son incompréhension et les rouages ubuesques des prisons iraniennes. Sans complaisance mais sans voyeurisme non plus, il nous entraîne dans son récit dont on ressort secoué et fasciné. Magnifique!Metamorphose_vf--70BD.jpg

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